Comment montrer un goût (3) ? Démos de chefs – Le dispositif du Festival Omnivore comparé à celui de la photographie culinaire

En préambule à un article consacré à la représentation du goût dans la photographie culinaire, quelques pistes de réflexions (matière à penser).

(Lire l’étape 1 et 2 et l’article développant cette question)

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Février 2010 – Festival Omnivore (OFF) à Deauville : une « pure cuisine de la vue » (Barthes[1]).

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Le Festival d’Omnivore (OFF) constitue à lui seul une excellente matière à penser les relations qui peuvent s’établir entre l’œil et le goût. Pendant deux jours, des démonstrations de chefs du monde entier se succèdent sous les yeux des spectateurs, calés sur des rangées de fauteuils – et non à table. La construction des plats est retransmise sur écran géant, et à la fin de la démonstration, la caméra fait un plan fixe en macro sur la réalisation, comme pour en projeter la photographie. Les plats sont ensuite envoyés en coulisses, au studio photo, pour être soigneusement photographiés (et non dégustés).

Que la cuisson soit approximative, le plat trop salé, ou gustativement raté, le propos n’est pas là : le plat est uniquement validé d’après son aspect visuel, et grâce au discours du chef qui l’accompagne. Au spectateur d’imaginer mentalement la pertinence de la combinaison des saveurs et textures, de façon purement conceptuelle (le goût de ce plat en général et non sa réalisation particulière, ici et maintenant).

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