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D’abord, elle ne supporte pas la concurrence.
Au moindre cousin qui emménage dans son champ, elle se fait la malle sans piper mot.
Elle a le nez sensible aussi.
Qu’un voisin traite à quelques kilomètres de là, et la voilà elle qui s’évanouit.
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Tuber Melanosporum.
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Vu de loin, ça fait surtout culture de classe.
Mais en s’approchant un peu, disons à un mètre, Dieu que ça sent la truffe !
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Et c’est sans doute d’abord cela, la truffe.
Une odeur.
Une odeur puissamment mémorisable.
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Une odeur qui concentre celles de l’humus et du gibier.
Un peu de noisette aussi, quand elle est bien mûre.
Et toujours cette note si animale, presque indécente.
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La truffe sent la terre.
Et la terre, autour de la truffe, sent la truffe.
On en mangerait, de cette terre..
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Il y a quelque chose de l’image d’épinal dans l’odeur de la truffe. Un souvenir de Forêt…
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Difficile de parler de la truffe. On se sent un peu truffe, soudain.
Il y a tellement d’évidence dans cette odeur qui s’impose à vous, comme un envahissement brut.
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Une truffe n’est pas coutume.
Mais qui hume la truffe, s’en souvient.
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Merci à ER pour ce mémorable tubercule.
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Cet article fera l’objet d’un prolongement, à propos de cette articulation odeur/souvenir, sur laquelle il faudrait arriver à se pencher sans donner trop facilement dans le Proust …
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Indécente, voilà le bon mot. Socialement, peut être, pour cette paysannerie captée par l’embourgeoisée gastronomie. Animale au possible, presque sexuelle. Tiens d’ailleurs, n’est ce pas l’archétype du propos inwhafable?
Je ne sais pas qui cet ER, mais méfiez vous!
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