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A l’heure où les parisiens pestent contre les travaux qui perturbent les Halles et la circulation alentour, l’Hôtel de Ville de Paris consacre une exposition à l’histoire du quartier vue par Doisneau. Tirages d’époque. Majorité de noir et blanc. Petits formats.
On y (re)découvre le paysage urbain, sa vie, ses pulsations, saisis juste avant de disparaître à la faveur de Rungis.
On y savoure également les talents d’un extraordinaire photographe, dont l’œuvre est loin de se limiter au « Baiser de l’Hôtel de Ville » et autres affiches pour touristes adolescents…
« Doisneau Paris Les Halles » : l’exposition vaut ainsi pour chaque mot du titre ; on y admire Doisneau autant que Les Halles de Paris. L’intérêt de chaque tirage est à la fois historique et esthétique. La photographie y manifeste son rôle de témoin, de preuve, parfois de cri, tout en éclatant dans ses qualités d’œuvre d’art.
Tel est l’enjeu de la photographie : Parvenir à faire œuvre d’art dans un monde peuplé d’images en tous genre, où chacun possède son appareil et mitraille avec son téléphone … Parvenir à faire œuvre d’art tout en acceptant de rester un médium fondamentalement populaire, au sens noble du terme : qui ne requiert aucune connaissance des codes de l’art contemporain, de ses ‘concepts’ et de son discours, faisant appel à la sensibilité de chacun, à son ressenti. (1)
Pas besoin de notice en effet pour entamer cette plongée au cœur de l’humain ; parcourant l’exposition, les visiteurs se retrouvent, l’espace d’un instant, réunis dans une même émotion, contemplant ces visages du passé qui leur parlent d’eux-mêmes.
Exposition Doisneau Paris Les Halles
Du 8 février au 28 avril 2012
Hôtel de Ville : 29 rue de Rivoli – 75004 Paris
Tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h à 19h. (Dernier accès à 18h30.)
Entrée libre.
A partir de cette introduction, nous vous proposons deux parcours de l’exposition :
-> Parcours historique : Bref retour sur la longue histoire des Halles
-> Parcours esthétique : Doisneau, plongée au cœur de l’humain, au ventre de la capitale (à paraître le 15 mars)
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NOTE – Matière à penser
(1) Populaire, ou universelle ? En tout cas, qui n’est pas le seul fait d’un micro-milieu.
La comparaison avec la cuisine s’impose : même rapport de familiarité et de quotidienneté avec la cuisine, qui est faite par tous, tous les jours, et qui pourtant dans certains cas accède à une dimension supplémentaire, proprement esthétique, par la qualité de l’émotion qu’elle suscite. Indépendamment de toute notice et de tout ‘concept’.
(L’esthétique désignant la qualité du ressenti, et non la seule beauté plastique d’une chose ou d’une personne : il y a une esthétique du son, mais aussi une esthétique du paysage, etc.)
Cette qualité esthétique s’apprécie selon des niveaux différents, en fonction du bagage personnel du dégustateur / ou du visiteur de l’exposition photographique : entre le néophyte et celui que a exercé son œil ou ses papilles, connaît les techniques utilisée, l’histoire dans laquelle l’œuvre ou le plat s’inscrit, etc. Mais elle n’en est pas moins partageable par tous, dès lors que les conditions d’attention, d’écoute et d’appréciation sont réunies, parce qu’elle fait avant tout appel à notre culture et notre humanité.
Tel est le propre de l’esthétique ; à ne pas confondre avec l’art, au sens contemporain du terme.
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