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Cet article a été publié dans le dossier « Ecologie/Ecologisme » de la revue Droit de Cités.
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« BIO–LOGIQUE » :
Sur la logique de production et de consommation des produits « bio »
aujourd’hui en France.
Avez-vous déjà tenté de trouver une définition précise du « bio » dans un dictionnaire? Contre toute attente, ce terme, omniprésent dans les discours médiatico-commerciaux, est redoutablement absent des Larousse, Robert, et autres refuges lexicaux, sauf sous la forme d’une tautologie de type « Bio : produit issu de l’agriculture biologique », ou comme ici :
Bio : Ensemble des activités économiques et sociales qui touchent la production, la mise en marché ou la consommation des produits biologiques (généralement alimentaires). [1]
Or, le renvoi du « bio » au « biologique » ouvre d’étranges perspectives, puique ce dernier terme désigne aussi bien ce qui est relatif à la biologie (en tant que discipline scientifique), que ce qui est relatif à la vie organique – si bien que les définitions du biologique juxtaposent innocemment « agriculture biologique » et « arme biologique », l’une se définissant en négatif de la « chimie » (« se dit d’un produit obtenu sans utilisation de substances chimiques » [2]), l’autre bénéficiant au contraire de ses avancées (« l’usage des toxines, de composés hautement toxiques élaborés par des organismes vivants, mais synthétisables par voie chimique, se rapproche de la guerre chimique » [3]).
Biologique, mais aussi naturel, organic, bio-dynamique : les contradictions et le flou lexical du discours qui accompagne le bio nous invite d’emblée à le penser comme un outil idéologique, non comme objet d’un discours scientifique.
On s’attachera donc à en cerner les enjeux, à en reconstituer la logique de production et de consommation, tout en essayant d’en objectiver les mécanismes, du point de vue du contexte de sa production d’abord, de celui de son idéologie et de sa consommation ensuite.